La vulnérabilité
de l’Afrique est due au fait que nous ne sommes pas dans un environnement
social, politique, culturel qui privilégie le débat contradictoire.
La manière dont
fonctionnent les médias, les temps d’antenne consacrés à des préoccupations qui
désinforment. Je me dis que les victimes de cette situation c’est d’abord nous
les jeunes.
Jeunesse rime
avec apprentissage, l’initiation, l’éducation formelle et informelle mais en
dehors de ces murs, ce que nous voyons dans les démocraties occidentales, ce
sont des millions des jeunes comme nous qui font le mouvement. Regardez par
exemple le mouvement social qui a commencé au brésil avec 14 000 personnes
dont 60 à 70% avaient notre âge.
Aujourd’hui on
est plus de 100 000, mais quand on part dans ces débats, le degré
d’implication des occidentaux est impressionnant : des jeunes italiens,
français, néerlandais connaissent le Mali mieux que les maliens, sont prêts à
se battre pour le Mali. Et nous ?
Tu annonces une
conférence avec un sujet grave d’actualité, tu ne vois personne quand il n’y a
pas de perdiem, ou on se demande ce que tu veux, cherches parce qu’on croit que
quand quelqu’un a la parole ou veut prendre la parole, c’est pour rechercher
quelque chose.
Une chose est
sûre, pendant que nous consacrons à nos habitudes sociales plus de temps qu’à
notre avenir (s’informer, chercher à comprendre le système, créer une
résistance sociale africaine), celles-ci gangrènent nos sociétés : je fais
allusion aux manifestation, baptême, mariage etc.… et pendant ce temps notre
sort se joue entre les mains des puissances économiques reines.
C’est un problème
gravissime, je ne crois pas qu’au delà du Mali que l’Afrique soit passée par
une telle phase de son évolution : « nous sommes pillés, humiliés et
nous faisons partir du processus qui concourent à ce fait et nous nous
taisons ».
On a vu dans ces
pays, il y avait des hommes debout (tchè djolen) grâce auxquels on avait la
fierté de se taper la poitrine partout qu’on est Africain.
Progressivement,
moi j’en suis venu à me dire que la question de valeur (tanga) respect et
considération à travers laquelle nous devons imposer l’être humain africain
digne et fier de ce qu’il est et de ce qu’il a, ne nous est plus due, c’est
comme si nous n’avions plus droit à cela. Le constat est là bien que amer mais
réel et parlant
La mondialisation
est un terme englobant, des gens qui sont en difficulté, la difficulté pour un
être humain, une société c’est d’avoir l’impression que le monde est ce qu’il
est mais toi(être humain du monde), tu es en dehors. Personne ne veut être un
exclu qu’il s’agisse d’un pays, d’une famille ou de n’importe quelle sorte de
communauté, on aime bien être partie prenante. Tu te réalises dans une
dynamique mais quand tu as l’impression que tu es en dehors de ça, ton
existence n’a pas de sens et les autres décident toujours comme ils
veulent selon eux-mêmes de ce qui est mieux pour toi.
La
mondialisation, on a l’impression qu’il y a une forme de justice et tout le
monde est partant, tout le monde aimerait être mondialisé.
Beaucoup de gens
disent que s’il s’agit de cela, depuis le temps de l’esclavage, depuis que les
premiers blancs sont venus en Afrique prendre les africains pour les amener en
Amérique produire du coton, tabac dans le cadre du commerce triangulaire, nous
pensons qu’il y a eu une première mondialisation, ça n’a rien de nouveau pour
nous.
Ce mot est devenu
le phénomène majeur en dehors duquel on ne peut rien comprendre.
Après la chute du
mur de Berlin, mais bien avant il y avait deux blocs : occidental et
soviétique. Après la chute du mur de Berlin le bloc occidental a estimé qu’il
est temps de mondialiser son model. C’est à dire on produit, on vend, on fait
des bénéfices.
Le modèle
soviétique était plus organisé autour de l’intervention de l’Etat, ce n’était
pas le secteur privé mais l’Etat parce qu’on estime que l’Etat a un devoir
envers la société.
Les richesses
d’un pays peuvent être mises en valeur par l’Etat, le Mali est
passé par cette étape là, l’Etat était à la fois promoteur, patron et
responsable donc à partir de ce model les ressources dont l’Etat dispose. Nos
aînés peuvent bien en témoigner « l’école publique » où l’Etat
assurait tout : nourriture, maladie etc… donc l’Etat était responsable du
citoyen et celui ci en retour n’avait pas que des droits mais aussi des devoirs
envers l’Etat : l’Etat providence.
Cet Etat n’a
strictement rien à voir avec ce qui se passe aujourd’hui avec la mondialisation
du marché qui est devenu l’élément moteur et organisateur de l’économie, de la
vie politique.
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